Grande-Synthe : laboratoire de l’engagement associatif ?

Un soir de février 2019 au Cinéma Agnès Varda de Juvisy-sur-Orge se tenait une projection-débat du documentaire « Grande-Synthe : la ville où tout se joue » organisée par un collectif d’associations du Nord Essonne. Le CAT y était, l’occasion de faire un retour sur cette ville, le documentaire et le collectif.

Le sujet du documentaire : la ville de Grande-Synthe

Grande-Synthe outragée ! Grande-Synthe brisée ! Grande-Synthe martyrisée !

Cette ville de 24 000 habitants est située sur la Côte d’Opale dans la Région des Hauts-de-France, région frontalière avec la Belgique et séparée de la Grande-Bretagne par le détroit du Pas-de-Calais. Dès les premières images du documentaire on s’aperçoit que la ville semble réunir bon nombre des symptômes d’un monde et d’un système productiviste à bout de souffle qui a abandonné depuis longtemps ses promesses d’avenir doré des 30 glorieuses. En voici quelques exemples :

  • la centrale nucléaire de Gravelines, les hauts fourneaux d’Arcelor Mittal et en tout, 14 sites SEVESO qui crachent jour et nuit, 365 jours / an, leurs effluents liquides et gazeux sur la ville ;
  • en conséquence, la possibilité d’accident majeur qui plane en permanence au dessus de la tête de chaque habitant ;
  • une ville asphyxiée et détentrice du triste record de cancers des voies broncho-pulmonaires en Europe ;
  • malgré la présence de ces industries, un taux de chômage de 29 % ;
  • une zone de concentration de migrants en route pour Calais et l’Angleterre qui a accueilli jusqu’à 2 000 réfugiés accompagnés de leur cortège de passeurs…

Chiffres clés
24 000 habitants
30 % des habitants vivent sous le taux de pauvreté
15 000 euros /an : revenu médian
32 % : part des ménages fiscaux imposés
29 % : taux de chômage des 15 à 64 ans
Source INSEE, chiffres 2015

Mais Grande-Synthe libérée !

Face à ce constat, certains ont relevé le défi, leurs manches et se sont placés dans l’action. Sous l’impulsion d’un maire sensible mais déterminé, amoureux de son territoire et surtout de ses habitants, des associations portées par des citoyens remplis d’humanisme et d’abnégation ont contribué à faire naître et font vivre :

  • une rénovation urbaine placée sous le double signe du bien-vivre et de la transition énergétique ;
  • des potagers partagés en pieds d’immeuble dont la verdure contribue à faire baisser les tensions  (« 95% des Grand-Synthois vivent à moins de 300m d’un espace vert »);
  • une « forêt qui se mange », terrain de 5 000 m2 mis à disposition des habitants par la mairie pour démontrer qu’il est possible de produire et manger bio sans se ruiner ;
  • un camp humanitaire d’accueil des migrants où de multiples associations œuvrent pour nourrir, vêtir, scolariser les occupants et tout simplement leur rendre leur dignité;
  • et bien d’autres choses encore…

Son maire, sensible mais déterminé

Damien Carême est né le 16 novembre 1960 à Jœuf (Meurthe-et-Moselle)Membre du Parti socialiste (PS) puis d’Europe Écologie-Les Verts (depuis 2015), il est maire de Grande-Synthe (Nord) depuis 2001. Humaniste engagé, farouche militant de l’écologie, il multiplie les initiatives environnementales et sociales dans sa ville depuis 2001. Sa priorité : redonner de la dignité aux hommes. Son engagement concerne tous ceux qui vivent à Grande-Synthe, habitants comme migrants. Depuis des années, Damien Carême déborde d’imagination pour améliorer leur quotidien. Et il ne s’arrête pas là, ne supportant plus de voir ceux qui dormaient dans la boue aux abords de sa ville, il crée en mars 2016 le premier camp français de migrants aux normes sanitaires internationales, ce qui lui a valu d’être surnommé “le maire des migrants” par la presse.

Ses associations, nombreuses et impliquées

Emmaüs Grande-Synthe

Initié par l’abbé Pierre, le Mouvement Emmaüs représente aujourd’hui un réseau de 285 structures qui interviennent dans les domaines de l’action sociale, de l’insertion, de l’hébergement et du logement…Soit plus de 18 000 acteurs ancrés localement sur l’ensemble du territoire national. Depuis plus de 65 ans, le Mouvement Emmaüs milite pour un monde plus juste dans lequel chacun retrouve sa dignité et sa place. Laboratoire d’innovation sociale, il invente au quotidien des solutions pour lutter contre l’exclusion.

La Forêt qui se mange

L’association la Forêt qui se mange a décidé de planter une forêt comestible à Grande Synthe sur un terrain de 5 300 m2 que la ville met à sa disposition. Ce projet a démarré en janvier 2017 et l’association est active depuis fin mars. L’idée est de rendre l’alimentation bio accessible au plus grand nombre et de montrer que tout à chacun peut faire pousser des fruits et des légumes de façon simple sans impact négatif pour notre environnement.

Gynécologie sans frontières

L’association se donne pour objectif principal, dans le cadre de la promotion globale de la femme dans la société, de favoriser l’accès à la santé de toutes les femmes en intervenant spécifiquement lors de situations de pathologie gynécologique ou obstétrique dans des pays ou des secteurs où les infrastructures sont insatisfaisantes, insuffisantes ou inaccessibles.

Le RECHO

« Refuge – Chaleur – Optimisme » : L’association se déplace à bord d’un food-truck sur les routes d’Europe dans les camps de réfugiés afin de cuisiner pour eux et avec eux en partenariat avec des associations locales.

SALAM (Soutenons, Aidons, Luttons, Agissons pour les Migrants et les pays en difficulté)

Fin novembre 2002, le gouvernement ordonne la fermeture du centre de la Croix Rouge qui accueillait les migrants à Sangatte. Des bénévoles se rassemblent alors pour organiser des distributions de nourriture et de vêtements et décident de fonder l’association SALAM. Aujourd’hui, SALAM est une association forte de plus de 300 adhérents, présente dans le Calaisis et le Dunkerquois.

Le documentaire

Béatrice Camurat Jaud, pendant la soirée débat

Le parti pris filmique de la réalisatrice, Béatrice Camurat Jaud est de s’appuyer sur les habitants tout en évitant l’écueil d’un film trop bavard. La solution ? Mettre en scène des apprentis comédiens locaux et leur professeure (cf. encadré ci dessous) qui sont mis en scène, parfois même chorégraphiés, dans des lieux emblématiques et se questionnent sur les enjeux et investiguent des pistes de solution. Au delà de l’esthétisme apporté par ce parti pris, le documentaire y gagne une sorte de légèreté, de prise de recul, une dimension presque onirique qui dédramatise le sujet et ouvre la porte à l’espoir.

 La Compagnie des Mers du Nord et ses comédiens
Après plus de 4 000 représentations, du Théâtre National de l’Odéon au Cirque Jean Richard, Brigitte Mounier s’installe en 1994 sur la Côte d’ Opale. Elle y crée la Compagnie des Mers du Nord en 1996 où elle met en scène et joue un répertoire d’auteurs contemporains. Parallèlement, en 2004, c’est la naissance du «Manifeste, Rassemblement international pour un théâtre motivé». Ce festival de spectacle vivant et d’éducation artistique s’organise dans une démarche militante autant qu’artistique et rassemble chaque été, à Grande-Synthe et sur la côte d’Opale, des artistes internationaux venus s’exprimer au plus près de la population. L’histoire familiale des comédiens de La Compagnie des Mers du Nord a traversé les frontières. Un arbre généalogique qui s’étend, au Sud, à l’Est, qui traverse les mers. Leurs parents sont venus du Maghreb, de Pologne, d’Espagne ou d’Italie, de Madagascar ou des Comores ou sont issus des gens du voyage. Ils sont Français, et s’appellent Youmni Aboudou, Caroline Desmet, Lison Graszk, Nina Lachery, Mehdi Laidouni et Brigitte Mounier. Ils ont en eux l’espoir d’un monde meilleur, plus juste, plus joyeux.

Deuxième personnage central, après la Compagnie des Mers du Nord, le maire, Damien Carême, intervient à plusieurs reprises sous forme d’interviews-témoignages pour expliquer son action. Mais il est également filmé sur le terrain, au milieu de ses habitants, des associations, des migrants… Et c’est la la grande force du film : quand on le voit au carnaval de la ville ce n’est pas pour y faire un discours d’ouverture il y est pour danser et faire la fête, grimé et déguisé comme les autres. Quand on le voit dans le camp humanitaire , il ne vient pas en visite d’inspection ni pour s’y montrer. Non, il participe aux distributions de nourriture, discute longuement avec les migrants et les associations. Ces morceaux nous montrent un maire non seulement proche de ses habitants mais un maire-habitant engagé et donnent, du coup, beaucoup de crédibilité aux messages qu’il délivre dans les interviews-témoignages précédemment évoqués.

Le documentaire laisse cependant sur sa faim pour différentes raisons.

D’abord le manque de contradiction. Le documentaire laisse penser qu’il règne un consensus général autour du maire et des combats associatifs qui y sont menés. Cette ville est elle si unique que son maire n’y a aucune opposition ? N y a t-il pas d’association développant des points de vus différents notamment au regard des migrants qui dérangent tellement en d’autres lieux ?

D’autre part le manque de dimension économique. Les politiques sociales représentent des dépenses. Comment sont elles financées ? Par exemple, le camp humanitaire (qui a accueilli jusqu’à 2 000 personnes) a généré des dépenses de fonctionnement sûrement très significatives (construction des baraquements, eau, enlèvement des déchets, …) , comment fait la ville pour les assumer ? La “forêt qui se mange”, 5 000 m2 qui n’accueilleront aucune entreprise ni logement représente un manque à gagner important en rentrées fiscales et, là aussi, quelques dépenses de fonctionnement ? Comment Grande-Synthe finance cela, quelles rentrées financières permettent ces actions ? Subventions européennes, rentrées fiscales des 14 sites SEVESO ?

Ces éclairages nous manquent pour comprendre si, ce qui est possible ici, peut ou ne peut pas l’être ailleurs ? Pourquoi ce maire arrive à faire tant de choses alors que beaucoup d’autres invoquent les baisses de dotation et le grignotage des compétences pour expliquer l’indigence des politiques menées dans leur ville ?

Le collectif organisateur de la soirée

La projection débat-était co-organisée par un collectif d’acteurs associatifs du Nord-Essonne qui fonctionnent en réseau et qui étaient tous représentés. Un réseau qui a permis de mobiliser prêt de 70 spectateurs/débatteurs et à ces associations d’échanger et de renforcer leurs liens.

Les associations organisatrices de la soirée
ATTAC Val d’Orge
Cens Seine

CoopérativeImagine
Ep’Autre
Juvisy Comestible
L’Attribut
Lardy Democratie
Pakap
Territoires en liens
The Movie Light Project
Un Pont Pour Tous

Bibliographie, sources et ressources

Les statistiques de l’INSEE

Le site du film

La page wikipedia consacrée à Damien Carême

Bande annonce du documentaire
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Juvisy Comestible à l’honneur

Article du Magazine de l’Essonne

Juvisy Comestible à l’honneur dans le magazine du Conseil départemental de l’Essonne et dans celui de la ville de Juvisy. Quel plaisir de voir ce projet né et primé lors du forum contributif de Ville de Juvisy-sur-Orge il y a deux ans s’épanouir, embellir la ville et sensibiliser les habitants à l’écologie et à l’agriculture urbaine. Le premières lignes de cet article nous projette dans une vision d’un Juvisy 2030 où de petits projets citoyens comme celui-ci, Chez la bourgeoise d’en face, l’Ep’autre et bien d’autres auront recréés le lien social et à la nature qui manquent tant en zone périurbaine et où des projets structurants tels que l’arrivée du tram en centre ville, la réouverture partielle de l’Orge l’accompagnement de la densification progressive de la ville avec de l’habitat en petit collectif qualitatif feront de cette ville un territoire hyper attractif.

Nous reviendrons bientôt en détail sur Juvisy Comestible pour un article « Ils l’ont fait » explicitant la genèse et les objectifs de l’association.

En savoir plus sur ces articles et Juvisy Comestible

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Les amis de l’Ep’autre – Juvisy (91)

L’Association « Les Amis de l’Ep’autre » a vocation à sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux alimentaires. Il s’agit avant tout d’un projet d’éducation populaire visant à éclairer les citoyens sur la question de la consommation alimentaire. Pour ce faire, l’association a créé une épicerie coopérative et participative et organise régulièrement des ateliers, des expositions et des projections visant informer les habitants de Juvisy-sur-Orge et de ses alentours et débattre avec eux sur ces sujets.

Comment redevenir maître de sa consommation alimentaire

Projection du documentaire « L’éveil à la permaculture » organisée par l’Ep’autre au cinéma Agnès Varda de Juvisy dans le cadre de ses actions d’éducation populaire

L’origine du projet

Les Amis de l’Ep’autre (pour Epicerie Autrement) est une association d’éducation populaire dont le but est de promouvoir une alimentation saine et de qualité accessible à tous, tout en aidant au développement d’une agriculture locale et biologique et en favorisant les circuits courts de distribution. Elle est née d’une initiative citoyenne, celle d’Antoine Stabile, habitant de Viry-Chatillon (91). Antoine, enfant d’une famille très modeste a rapidement été guidé par deux convictions :

  • il existe toujours des solutions organisationnelles pour s’attaquer aux injustices et réduire les inégalités ;
  • nous ne sommes pas des moutons, nous n’avons donc pas besoin de bergers pour nous dicter ce qu’il faut faire, chaque individu est maître de son destin.

L’émancipation et la transformation sociale, l’essentiel de l’éducation populaire, a donc été et est pour lui le moteur vers plus de … consonance cognitive, c’est-à-dire, pour un individu, une situation d’harmonie entre ses actes et ses pensées.

C’est cette croyance en l’humain qui a guidé Antoine pour la création du projet Ep’autre. Il n’a ensuite fallu que de quelques « déclics » comme la diffusion du film FOOD COOP[1] au cinéma Agnès Varda à Juvisy-sur-Orge ou des échanges avec des ami.e.s amapiens[2], pour lancer le projet, démontrer qu’il est possible de prendre son alimentation en mains et promouvoir un autre modèle.

Si le volet « épicerie » a bien avancée (une épicerie coopérative et participative existe belle et bien depuis septembre 2016), le volet « éducation populaire » se construit plus lentement. L’éducation populaire est pourtant l’objet principal de l’association souligne Antoine.

Être une association d’éducation populaire c’est investir l’espace public pour émanciper et transformer les conditions du vivre ensemble. C’est cette démarche inclusive qui est le plus difficile à mettre en place et c’est là-dessus que je travaille actuellement. OUI un autre modèle alimentaire est possible et par conséquence un autre monde et, chose étrange, les gens peuvent le faire. 

Antoine Stabile

Les amis de l’Ep’autre est aujourd’hui présidée par Frédérique Lindenmeyer, draveilloise, maman très active de 4 enfants, ancienne entrepreneuse commerçante et très investie dans le milieu associatif. Frédérique a pris le relais d’Antoine mi-2018 et ne compte pas ses heures au service de l’association.

« Fidéliser les adhérents, s’assurer de leur engagement régulier, étoffer le catalogue des produits et s’assurer que les références proposées respectent bien notre cahier des charges… les enjeux sont nombreux mais les résultats concrets obtenus et la satisfaction de nos utilisateurs sont d’une grande motivation »

Frédérique Lindenmeyer, Présidente de l’association

Le projet de A à Z

L’association a été créée en septembre 2016 avec quelques membres de l’AMAP locale. Elle a commencé par organiser des réunions d’information sur le projet pour se faire connaitre de ses futurs membres, qui s’appellent entre eux avec malice les « Épotes », puis a très vite organisé des commandes groupées de produits pour ses membres. Il a fallu s’organiser très vite. L’association est, de manière classique, structurée autour d’un bureau et d’un conseil d’administration, mais a également mis en place des groupes opérationnels thématiques. Ces groupes (recrutement, communication, produits, coordination, gestion, zéro déchets) permettent de répartir les tâches entre les Épotes. Enfin un premier local a été inauguré en avril 2017 pour héberger physiquement l’épicerie. Il a permis de passer du système de commande / livraison / enlèvement à celui de véritable épicerie où chaque membre peut maintenant se rendre régulièrement pour acheter sans pré-commander, les produits dont il a besoin. Face au succès du projet, ce premier local a laissé place, au printemps 2018, à un second, plus grand, plus accessible et doté d’un jardin permettant d’accueillir les ateliers et évènements divers.

Le catalogue-produits compte environ 300 références. Les fournisseurs sont choisis sur des critères qualitatifs telles que la proximité, les moyens de production (bio, raisonné, permaculture [3]) ou d’équité sociale.

Les bénéfices de l’épicerie servent à payer le loyer du local et à financer les animations organisées régulièrement (ateliers zéro déchet, construction toilettes sèches à base de palettes recyclées, visites de producteurs, atelier potager permacole…). Chaque Épote est par ailleurs redevable de 3 heures de son temps chaque mois pour aider l’association à fonctionner.

Une réponse aux enjeux alimentaires

Ce projet est un avant tout un projet d’éducation populaire. Il vise à éveiller les citoyens aux enjeux écologiques, économiques et sociétaux liés à notre alimentation. Il cherche à responsabiliser le consommateur vis-à-vis des produits qu’il achète. A lui faire prendre conscience que l’acte d’achat n’est pas anodin et qu’il a des répercutions. Ainsi il devient CONSOM’ACTEUR. L’épicerie mise en place, la nature des producteurs sélectionnés et de leurs produits permet de favoriser des systèmes de production éthiques et responsables : alimentation saine, redistribution équitable, circuits courts, proximité, transparence sur les processus de production. Ce projet démontre que le consommateur est, in fine le responsable des systèmes de production et de distribution qu’on lui propose. Les systèmes productifs et distributifs ne font que s’adapter aux besoins et exigences des consommateurs. Si les exigences changent, les systèmes suivront et évolueront. Une belle illustration de la légende du colibri [4] et du rôle essentiel des initiatives locales, du « bottom-up ».

Bilan, enjeux et perspectives

Deux ans après la création de l’association, le bilan est plus que positif. L’association compte 175 membres, dispose de son propre local, propose déjà 300 références produits et génère environ 2 500 euros d’achats par mois en moyenne ce qui lui permet de financer ses actions.

Afin d’alléger la gestion quotidienne, l’ép’autre vient de rejoindre le réseau monépi qui propose une plateforme informatique de gestion quotidienne (adhésions, commandes, ventes…).

Il doit être souligné que ce projet n’a bénéficié d’aucun financement public, il repose exclusivement sur le bénévolat de ses membres et le modèle économique de l’épicerie.

L’association vient d’obtenir les accréditations nécessaires à la vente de produits frais (fromages, …) et alcoolisés (bière, cidre) qui vont lui permettre d’étoffer encore son catalogue. En parallèle, elle tisse des liens avec d’autres associations du territoire (Terre de liens, Chez la bourgeoise d’en face, Le Zef café…), qui partagent ses valeurs, afin d’échanger les expériences et de mutualiser les moyens.

En savoir plus sur l’Ep’autre

Contact : Frédérique Lindenmeyer, Présidente des Amis de l’Ep’autre, contact@epautre.fr

Site Internet : www.epautre.fr/

Page Facebook : https://www.facebook.com/Ep.autre

La présentation du projet en vidéo

La présentation du projet par des Epôtes

En savoir plus sur les enjeux alimentaires et les sujets liés

La Louve, le grand frère parisien

Tout savoir sur la permaculture

Tout savoir le Zéro déchet


[1] Permaculture : méthode systémique et globale qui vise à concevoir des systèmes (par exemple des habitats humains et des systèmes agricoles) en s’inspirant de l’écologie naturelle. Elle n’est pas une méthode figée mais un « mode d’action » qui prend en considération la biodiversité de chaque écosystème.

[2] La légende du Colibri expliquée en vidéo par Pierre Rabhi

[3] FOOD COOP : film Tom Boothe, fondateur de « La Louve » à Paris sur la coopérative alimentaire Food Coop, pionnière du genre, fondée à Brooklyn, au cœur de New York, en 1973. En savoir plus.

[4] AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ou de Proximité

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Chez la Bourgeoise d’en face. Juvisy (91). Episode #1/4

Une juvisienne attachée à son territoire a imaginé et ouvert un lieu atypique, (re)générateur de lien social, qui propose à ses adhérents de ralentir et de réapprendre à prendre le temps en milieu urbain. C’est un projet audacieux, doux dingue et follement créatif à l’image de sa fondatrice Florence Bouyer. Témoignage et portrait de Florence. Épisode 1/4

Episode #1 : C’est l’histoire… d’un territoire

Source / Crédits : Florence Bouyer. LBDF

« Chez la Bourgeoise d’en face est un lieu associatif atypique qui permet de lire, écrire, décorer, rêver, pratiquer, apaiser, rencontrer, manger, boire, … »

Florence Bouyer

Je suis arrivée à Juvisy en 1998. Petite fille, j’avais habité à Viry puis à Morangis et enfin à Savigny. Après un merveilleux détour par Paris pendant mes années étudiantes, la perspective d’élever un enfant ne s’entendait pas dans la capitale principalement pour des raisons environnementales et économiques. Juvisy était le parfait point d’équilibre entre mes racines et ma nature mobile, sociale, culturelle et urbaine.

« Juvisy était le parfait point d’équilibre entre mes racines et ma nature mobile, sociale, culturelle et urbaine  »

Florence Bouyer

C’est ainsi que j’ai habité rue d’Estienne d’Orves puis rue Jules Ferry puis encore dans la Grande Rue (rue piétonne) et maintenant rue Jean Jacques Rousseau depuis plus de 12 ans. Mon fils a appris à faire du vélo sans roulettes dans la Grande Rue. Nous avons imaginé et vécu nombres d’explorations fantastiques au Parc des Grottes et dans le Coteau des Vignes. Nous avons eu la chance de voir quelques trop rares temps une vache et des moutons au Pré aux Bœufs. Et quels bonheurs partagés entre amis que les pique-niques citoyens de la fin juin dans le Parc de la Mairie !…

Source / Crédits : Le Parisien/Laurent Degradi

A Juvisy, j’ai vu Zebda, Tryo, le Quartet Buccal, Dee Dee Bridgewater, et tellement d’autres. Je vais bientôt y voir Goran Brégovic… J’y ai partagé ma souffrance le lendemain des attentats de Charlie en allant chercher mes légumes à l’AMAP [1] et en découvrant les Travées ([NdR] salle communale dédiée aux activités associatives) illuminées de bougies respectueuses, j’y ai tissé des liens forts avec des hommes et des femmes qui sont devenus des ami.e.s. juvisien.ne.s, athégien.ne.s, draveillois.e.s, castel-virois.e.s..

« La vie, le lien social, l’action citoyenne, les relations, les amitiés, sont comme le vent et l’eau, leurs frontières ne sont pas celles que l’on peut figer sur une décision administrative   »

Florence Bouyer

Mon territoire ne s’arrête pas aux frontières des panneaux de la route. Les ruissellements que nous y subissons régulièrement et qui dévalent la N7 et engorgent nos réseaux saturés, le savent bien. La vie, le lien social, l’action citoyenne, les relations, les amitiés, sont comme le vent et l’eau, leurs frontières ne sont pas celles que l’on peut figer sur une décision administrative. C’est là leur puissance.

A suivre …

Prochainement : Episode #2 : C’est l’histoire… d’une respiration de vie


[1] AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ou de Proximité

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