Les amis de l’Ep’autre – Juvisy (91)

L’Association « Les Amis de l’Ep’autre » a vocation à sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux alimentaires. Il s’agit avant tout d’un projet d’éducation populaire visant à éclairer les citoyens sur la question de la consommation alimentaire. Pour ce faire, l’association a créé une épicerie coopérative et participative et organise régulièrement des ateliers, des expositions et des projections visant informer les habitants de Juvisy-sur-Orge et de ses alentours et débattre avec eux sur ces sujets.

Comment redevenir maître de sa consommation alimentaire

Projection du documentaire « L’éveil à la permaculture » organisée par l’Ep’autre au cinéma Agnès Varda de Juvisy dans le cadre de ses actions d’éducation populaire

L’origine du projet

Les Amis de l’Ep’autre (pour Epicerie Autrement) est une association d’éducation populaire dont le but est de promouvoir une alimentation saine et de qualité accessible à tous, tout en aidant au développement d’une agriculture locale et biologique et en favorisant les circuits courts de distribution. Elle est née d’une initiative citoyenne, celle d’Antoine Stabile, habitant de Viry-Chatillon (91). Antoine, enfant d’une famille très modeste a rapidement été guidé par deux convictions :

  • il existe toujours des solutions organisationnelles pour s’attaquer aux injustices et réduire les inégalités ;
  • nous ne sommes pas des moutons, nous n’avons donc pas besoin de bergers pour nous dicter ce qu’il faut faire, chaque individu est maître de son destin.

L’émancipation et la transformation sociale, l’essentiel de l’éducation populaire, a donc été et est pour lui le moteur vers plus de … consonance cognitive, c’est-à-dire, pour un individu, une situation d’harmonie entre ses actes et ses pensées.

C’est cette croyance en l’humain qui a guidé Antoine pour la création du projet Ep’autre. Il n’a ensuite fallu que de quelques « déclics » comme la diffusion du film FOOD COOP[1] au cinéma Agnès Varda à Juvisy-sur-Orge ou des échanges avec des ami.e.s amapiens[2], pour lancer le projet, démontrer qu’il est possible de prendre son alimentation en mains et promouvoir un autre modèle.

Si le volet « épicerie » a bien avancée (une épicerie coopérative et participative existe belle et bien depuis septembre 2016), le volet « éducation populaire » se construit plus lentement. L’éducation populaire est pourtant l’objet principal de l’association souligne Antoine.

Être une association d’éducation populaire c’est investir l’espace public pour émanciper et transformer les conditions du vivre ensemble. C’est cette démarche inclusive qui est le plus difficile à mettre en place et c’est là-dessus que je travaille actuellement. OUI un autre modèle alimentaire est possible et par conséquence un autre monde et, chose étrange, les gens peuvent le faire. 

Antoine Stabile

Les amis de l’Ep’autre est aujourd’hui présidée par Frédérique Lindenmeyer, draveilloise, maman très active de 4 enfants, ancienne entrepreneuse commerçante et très investie dans le milieu associatif. Frédérique a pris le relais d’Antoine mi-2018 et ne compte pas ses heures au service de l’association.

« Fidéliser les adhérents, s’assurer de leur engagement régulier, étoffer le catalogue des produits et s’assurer que les références proposées respectent bien notre cahier des charges… les enjeux sont nombreux mais les résultats concrets obtenus et la satisfaction de nos utilisateurs sont d’une grande motivation »

Frédérique Lindenmeyer, Présidente de l’association

Le projet de A à Z

L’association a été créée en septembre 2016 avec quelques membres de l’AMAP locale. Elle a commencé par organiser des réunions d’information sur le projet pour se faire connaitre de ses futurs membres, qui s’appellent entre eux avec malice les « Épotes », puis a très vite organisé des commandes groupées de produits pour ses membres. Il a fallu s’organiser très vite. L’association est, de manière classique, structurée autour d’un bureau et d’un conseil d’administration, mais a également mis en place des groupes opérationnels thématiques. Ces groupes (recrutement, communication, produits, coordination, gestion, zéro déchets) permettent de répartir les tâches entre les Épotes. Enfin un premier local a été inauguré en avril 2017 pour héberger physiquement l’épicerie. Il a permis de passer du système de commande / livraison / enlèvement à celui de véritable épicerie où chaque membre peut maintenant se rendre régulièrement pour acheter sans pré-commander, les produits dont il a besoin. Face au succès du projet, ce premier local a laissé place, au printemps 2018, à un second, plus grand, plus accessible et doté d’un jardin permettant d’accueillir les ateliers et évènements divers.

Le catalogue-produits compte environ 300 références. Les fournisseurs sont choisis sur des critères qualitatifs telles que la proximité, les moyens de production (bio, raisonné, permaculture [3]) ou d’équité sociale.

Les bénéfices de l’épicerie servent à payer le loyer du local et à financer les animations organisées régulièrement (ateliers zéro déchet, construction toilettes sèches à base de palettes recyclées, visites de producteurs, atelier potager permacole…). Chaque Épote est par ailleurs redevable de 3 heures de son temps chaque mois pour aider l’association à fonctionner.

Une réponse aux enjeux alimentaires

Ce projet est un avant tout un projet d’éducation populaire. Il vise à éveiller les citoyens aux enjeux écologiques, économiques et sociétaux liés à notre alimentation. Il cherche à responsabiliser le consommateur vis-à-vis des produits qu’il achète. A lui faire prendre conscience que l’acte d’achat n’est pas anodin et qu’il a des répercutions. Ainsi il devient CONSOM’ACTEUR. L’épicerie mise en place, la nature des producteurs sélectionnés et de leurs produits permet de favoriser des systèmes de production éthiques et responsables : alimentation saine, redistribution équitable, circuits courts, proximité, transparence sur les processus de production. Ce projet démontre que le consommateur est, in fine le responsable des systèmes de production et de distribution qu’on lui propose. Les systèmes productifs et distributifs ne font que s’adapter aux besoins et exigences des consommateurs. Si les exigences changent, les systèmes suivront et évolueront. Une belle illustration de la légende du colibri [4] et du rôle essentiel des initiatives locales, du « bottom-up ».

Bilan, enjeux et perspectives

Deux ans après la création de l’association, le bilan est plus que positif. L’association compte 175 membres, dispose de son propre local, propose déjà 300 références produits et génère environ 2 500 euros d’achats par mois en moyenne ce qui lui permet de financer ses actions.

Afin d’alléger la gestion quotidienne, l’ép’autre vient de rejoindre le réseau monépi qui propose une plateforme informatique de gestion quotidienne (adhésions, commandes, ventes…).

Il doit être souligné que ce projet n’a bénéficié d’aucun financement public, il repose exclusivement sur le bénévolat de ses membres et le modèle économique de l’épicerie.

L’association vient d’obtenir les accréditations nécessaires à la vente de produits frais (fromages, …) et alcoolisés (bière, cidre) qui vont lui permettre d’étoffer encore son catalogue. En parallèle, elle tisse des liens avec d’autres associations du territoire (Terre de liens, Chez la bourgeoise d’en face, Le Zef café…), qui partagent ses valeurs, afin d’échanger les expériences et de mutualiser les moyens.

En savoir plus sur l’Ep’autre

Contact : Frédérique Lindenmeyer, Présidente des Amis de l’Ep’autre, contact@epautre.fr

Site Internet : www.epautre.fr/

Page Facebook : https://www.facebook.com/Ep.autre

La présentation du projet en vidéo

La présentation du projet par des Epôtes

En savoir plus sur les enjeux alimentaires et les sujets liés

La Louve, le grand frère parisien

Tout savoir sur la permaculture

Tout savoir le Zéro déchet


[1] Permaculture : méthode systémique et globale qui vise à concevoir des systèmes (par exemple des habitats humains et des systèmes agricoles) en s’inspirant de l’écologie naturelle. Elle n’est pas une méthode figée mais un « mode d’action » qui prend en considération la biodiversité de chaque écosystème.

[2] La légende du Colibri expliquée en vidéo par Pierre Rabhi

[3] FOOD COOP : film Tom Boothe, fondateur de « La Louve » à Paris sur la coopérative alimentaire Food Coop, pionnière du genre, fondée à Brooklyn, au cœur de New York, en 1973. En savoir plus.

[4] AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ou de Proximité

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Chez la Bourgeoise d’en face. Juvisy (91). Episode #1/4

Une juvisienne attachée à son territoire a imaginé et ouvert un lieu atypique, (re)générateur de lien social, qui propose à ses adhérents de ralentir et de réapprendre à prendre le temps en milieu urbain. C’est un projet audacieux, doux dingue et follement créatif à l’image de sa fondatrice Florence Bouyer. Témoignage et portrait de Florence. Épisode 1/4

Episode #1 : C’est l’histoire… d’un territoire

Source / Crédits : Florence Bouyer. LBDF

« Chez la Bourgeoise d’en face est un lieu associatif atypique qui permet de lire, écrire, décorer, rêver, pratiquer, apaiser, rencontrer, manger, boire, … »

Florence Bouyer

Je suis arrivée à Juvisy en 1998. Petite fille, j’avais habité à Viry puis à Morangis et enfin à Savigny. Après un merveilleux détour par Paris pendant mes années étudiantes, la perspective d’élever un enfant ne s’entendait pas dans la capitale principalement pour des raisons environnementales et économiques. Juvisy était le parfait point d’équilibre entre mes racines et ma nature mobile, sociale, culturelle et urbaine.

« Juvisy était le parfait point d’équilibre entre mes racines et ma nature mobile, sociale, culturelle et urbaine  »

Florence Bouyer

C’est ainsi que j’ai habité rue d’Estienne d’Orves puis rue Jules Ferry puis encore dans la Grande Rue (rue piétonne) et maintenant rue Jean Jacques Rousseau depuis plus de 12 ans. Mon fils a appris à faire du vélo sans roulettes dans la Grande Rue. Nous avons imaginé et vécu nombres d’explorations fantastiques au Parc des Grottes et dans le Coteau des Vignes. Nous avons eu la chance de voir quelques trop rares temps une vache et des moutons au Pré aux Bœufs. Et quels bonheurs partagés entre amis que les pique-niques citoyens de la fin juin dans le Parc de la Mairie !…

Source / Crédits : Le Parisien/Laurent Degradi

A Juvisy, j’ai vu Zebda, Tryo, le Quartet Buccal, Dee Dee Bridgewater, et tellement d’autres. Je vais bientôt y voir Goran Brégovic… J’y ai partagé ma souffrance le lendemain des attentats de Charlie en allant chercher mes légumes à l’AMAP [1] et en découvrant les Travées ([NdR] salle communale dédiée aux activités associatives) illuminées de bougies respectueuses, j’y ai tissé des liens forts avec des hommes et des femmes qui sont devenus des ami.e.s. juvisien.ne.s, athégien.ne.s, draveillois.e.s, castel-virois.e.s..

« La vie, le lien social, l’action citoyenne, les relations, les amitiés, sont comme le vent et l’eau, leurs frontières ne sont pas celles que l’on peut figer sur une décision administrative   »

Florence Bouyer

Mon territoire ne s’arrête pas aux frontières des panneaux de la route. Les ruissellements que nous y subissons régulièrement et qui dévalent la N7 et engorgent nos réseaux saturés, le savent bien. La vie, le lien social, l’action citoyenne, les relations, les amitiés, sont comme le vent et l’eau, leurs frontières ne sont pas celles que l’on peut figer sur une décision administrative. C’est là leur puissance.

A suivre …

Prochainement : Episode #2 : C’est l’histoire… d’une respiration de vie


[1] AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ou de Proximité

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